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jeudi 2 avril 2015

La laïcité antijupe ...musulmane dans un collège montpelliérain...


... et toujours des femmes ciblées au nom de l'égalité, en particulier, en faveur des femmes !

 Le texte ci-dessous a été rédigé à la suite d'informations concernant la mobilisation d'écoles et de collèges de Montpellier contre les mesures d'austérité, en matière d'éducation, prises par le gouvernement. Pour une pleine compréhension des propos tenus ici, il est recommandé de se reporter à ces infos qui sont à lire ici 

... dans le quartier populaire de La Paillade à la périphérie de Montpellier...


Une principale de collège se mobilise contre le port de ... jupes longues de deux élèves, rejointes, par solidarité, par vingt de leurs camarades à leur tour interpellées (voir l'article de Midi Libre ci-dessous) ! La justification de cette chef d'établissement : le souci de laïcité car un établissement scolaire ne saurait tolérer le port de signes religieux... ostensibles. C'est la loi ! Cette loi de 2004 qui, cela se vérifie une nouvelle fois, cible exclusivement, ou presque, des musulmans, qui plus est, des musulmanes. Enfin on le suppose au vu du décrypteur mis en route par ladite principale. 

On mesure ici ce que cette loi, rompant avec son fondement d'être la loi de tous pour tous à égalité de droits et de devoirs, charrie comme démarche disciplinaire, logique du soupçon, primat de la décision hiérarchique, décision arbitraire... par où un lieu d'éducation s'émancipe, au nom de la laïcité, des libertés qui se rattachent d'une manière ou d'une autre à ... la laïcité ! En 1905 en effet la loi fondatrice de celle-ci, il est significatif qu'il faille le rappeler, doublait la séparation de l'Etat vis-à-vis de l'Eglise, à laquelle elle procédait, d'une consécration de la liberté de conscience et d'expression, y compris religieuses. Le premier volet "séparatif", avec son corollaire de neutralité, ne concernait au demeurant que les agents de l'Etat, en aucune façon les usagers ! Toutes choses avec lesquelles rompt la loi de 2004 !

On l'aura compris, dans la lignée d'une loi liberticide qui s'inscrit, de toute évidence, dans les fantasmes du "choc des civilisations" propagés par les néocons nord-américains et leur ciblage des musulmans comme nouvel ennemi absolu (1), la principale du collège des Garrigues, en en référant par ailleurs... au préfet, la joue exécutante zélée : usant de ce que la loi sur les signes religieux autorise comme marge d'interprétation chez les directions d'établissements scolaires, ce n'est plus seulement le "voile", c'est-à-dire le plus souvent un foulard, voire un hijab, laissant apparaître le visage, qui est traqué chez les élèves mais les jupes. Au nom d'une sémiotique primaire et fruste des vêtements réduisant ceux-ci à un sens univoque et niant tout ce qu'ils construisent et déconstruisent régulièrement, en polysémie sans cesse restructurée, "l'autorité" fait tomber le couperet de l'interdit. Que cela vise, une nouvelle fois, des femmes, des jeunes filles, paradoxalement au nom du refus de ce que l'islam, lui-même réduit à sa version djihadiste, imposerait aux femmes, en dit long sur la prétention de cette laïcité à "libérer" celles-ci. Que l'aboutissement de cette mécanique, jamais si bien nommée, de la stigmatisation, platement occidentalo-centrée, touche de plein fouet des adolescentes engagées dans une des périodes les plus décisives de l'affirmation de leur personnalité, ajoute au scandale propre à toute stigmatisation !

Ce que rapporte Midi Libre pourra apparaître mineur, vite circonscrit car réglé en 24 heures et ne méritant pas que l'on s'y attarde... Pourtant, dans le contexte des attentats horribles contre Charlie et l'Hyper Cacher, on ne peut oublier que s'est relancée la machine "à construire le problème musulman" (2) par le triste procédé de l'amalgame. Des écoliers de 8 ou 9 ans et leurs parents ont été convoqués au commissariat sur signalement de l'école et avec la bénédiction du Ministère ! L'épiphénomène du collège des Garrigues de Montpellier perd son apparence anodine si on le replace dans la lourde machinerie qui a accéléré, à cette occasion, son mouvement, celui de l'islamophobie par laquelle, allez savoir pourquoi (si l'on peut dire), les crimes de janvier ouvrent, une fois passé l'unanimisme généreux des mobilisations "Tous Charlie", sur le retour des propositions de légiférer contre le "voile", cette fois à l'université ou dans les crèches... Les femmes toujours ciblées au nom des droits des femmes ! Le FN évidemment voit ainsi légitimée, à droite comme à gauche, sa "laïcité" identitaire par laquelle un "voile" mais aussi, n'est-ce pas Madame la principale, une jupe, un certain type de jupe, sont des marqueurs nécessairement et "en soi" religieux, de cette religiosité "évidente" qui met en péril l'esprit de la République ! De fil en aiguille, pardon d'en passer par ce mauvais jeu de mots, est insinué que le plus court chemin vers la djihadisation des esprits sont ces bouts de tissus portés par des femmes... Et que, républicainement, transcendant des clivages sociaux pourtant exponentiellement aggravés, il nous faut "faire un" (faire...front national ?) contre l'autre, en l'occurrence le musulman et son satané islam terroriste ! En lui déniant a priori que ce que, comme pour la majorité de ses semblables, il dit être une religiosité compatible avec la république ait la moindre crédibilité. Dans le meilleur des cas ignorant de lui-même, de ce qu'il est et porte en lui, le musulman (et ne parlons même pas de la musulmane tellement cette ignorance est postulée lui être intrinsèque) doit être soumis aux règles d'un universalisme, mais bien de chez nous (!), républicain dont pourtant ni l'histoire ni l'actualité n'ont guère fait la preuve qu'il était, en particulier envers les femmes, émancipateur, égalitaire, pacifique...universaliste ni, en fait, univoquement ... laïque !

La coïncidence que des femmes "voilées" du quartier voisin du Petit-Bard, portant probablement pour certaines les mêmes jupes que leurs filles des Garrigues, se mobilisent, loin des barbus supposés par la doxa anti-islam les assujettir dans l'espace clos conjugal, donc en investissant la rue, pour rien moins que "plus de moyens pour l'école publique", "plus de mixité sociale" (exit le fantasme communautariste ?), organisent des petits-déjeuners ... citoyens et se rassemblent devant la préfecture pour réaffirmer "leur attachement aux valeurs républicaines", pourrait être un révélateur du croissant conditionnement islamophobe des esprits (porté de Valls à Le Pen en passant par Sarkozy) visant en premier ces femmes. Mais dans la logique de subversion néoconservatrice panique par laquelle la laïcité est retournée contre elle jusqu'à en être intrinsèquement punitive et normalisatrice, prévaudra chez beaucoup l'idée que tout ce ramdam (!) des "voilées" sur l'école n'est que l'expression d'un vaste complot islamiste contre la République, pour l'investir de l'intérieur en s'appropriant de façon purement opportuniste ses propres valeurs de citoyenneté. Ne l'oublions pas en effet l'arabe comme le musulman (autre réduction ab absurdo au même) est fourbe par essence et l'islamisation rampante de nos sociétés (Eurabia !) est déjà si avancée. 

Adoncques jupes (et "voiles") islamistes (sic) hors de nos écoles ! Hors de nos rues aussi ? Femmes musulmanes retournez chez vous ? A la maison ? Ailleurs qu'en notre douce France ? Tant pis si vous êtes nées ici et n'avez d'attaches familiales, amicales, de voisinage, etc. qu'ici ?

Antoine

(1) Les premières affaires de "voile" en France voient le jour en 1989 l'année de la chute du mur de Berlin et du début de la fin de la "menace communiste" !